Thursday, November 24, 2005

Tanger


Voir Tanger décrite comme je ne l'ai jamais vue, ou comme je n'ai jamais voulu la voir, ça me donne des envies de vomir, de pleurer, de m'énerver contre toi, contre eux ou contre moi-même? pour moi Tanger ça a toujours été une ville vaguement ennuyante, très charmante (dont je suis amoureuse d'ailleurs) où ça sent toujours la mer, où j'ai grandi, où j'ai eu mes premières amitiés, premiers chagrin d'amour, premières joies, premières déceptions,où je me sens bien et chez moi dans la rue... mais ça c'est MON tanger.

Oui, comme toutes les villes, Tanger est double. Les rues où une jeune fille peut aller , et les autres.
Je n'ai jamais mis les pieds dans les 3/4 de Tanger. En fait ce que j'en connais c'est: le quartier de la Wilaya, le boulevard Mohamed V, Mershane et Malabata. Basta.
L'autre Tanger, c'est la Medina (ou je suis allée avec escorte quelques fois , jamais seule), Dchar Ben Dibane, Bni Makada, Hawma d Chouk, Hawma d Saddam (où les flics ne pénètrent jamais, zone de non droit à ce qui paraît).

Je ne peux rien vous dire sur l'Autre Tanger. Je la connais pas. J'ai vu beaucoup de petits chemkara, les clodos en herbe, mais je les ai jamais regardés. Ils me font peur, je suis une fille, à 11 ans ils peuvent déjà me sortir une lame de rasoir pour me délester de mon porte feuille s'ils sont en manque. Ils s'aggripent à vous avec l'énergie du désespoir. Vous demandent un dirham. Un dirham qui ne servira pas à manger, mais à acheter de la "silicioune".

Les putes? Ca me fait bizarre d'utiliser un mot aussi cru. Elles je les vois . Mais encore une fois je ne les regarde pas. Je sais pas comment elles en sont arrivés là.
JE M'EN FOUS.
Elles me dégoûtent, au fond. Je hais ce regard qu'elles ont. Je le reconnais entre mille. Le regard sale, impudique, dépravé. Le regard qui fait vomir.
Ce sont des humaines aussi. Elles aussi ont un jour été des filles normales. Comment en sont-elles arrivées là?
JE VEUX SAVOIR.
JE VEUX COMPRENDRE.
Elles me font pitié, je ressens un élan de sympathie pour elles , quand je pense vraiment à ce qu'elles vivent.
Pas pour celles qui demandent mille dirhams...
Pour celles qui demandent 10 dirham.

Je ne veux pas y penser. Ca me troue le coeur d'admettre que Tanger c'est aussi ça.

Que pour certains, certaines, Tanger c'est surtout ça.


Tanger... mon amour.

11 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Je viens de répondre à l'article de Mehdi..

Les mêmes scènes se répètent à Casa, Marrakech, Fès ou Agadir.

Chacune de nos villes recèle une face sombre et sordide. Et Mehdi reste certainement bien en deçà de la terrible réalité.

Ces villes, pittoresques et touristiques, sont AUSSI ça, mais ne sont pas QUE ça.

Il faut être conscient que ces choses existent, il faut accepter qu’on ne vit pas dans une maison de poupées, mais il ne faut céder à « l’effet de loupe » et ne plus voir que cette réalité sinistre (dans ce cas, on n’a plus qu’à tous immigrer au Canada et laisser ce pays s’écrouler).

12:02 PM  
Anonymous Anonymous said...

>Lebaroude: c'est pas vraiment le sujet, mais tu m'as inspiré, j'ai vu la lumière. Ah.
Très belle image par rapport à ces mécréants d'impies qui ont "tous immigr[é] au Canada et laiss[é] ce pays s’écrouler". Aie une pensée émue et dénuée de cynisme pour ceux et celles qui n'étant ni "fils de" ni "nièce de" doivent se battre 3.14 fois plus que les sus nommés pour s'en sortir. Alors oui, c'est facile de "rentrer" quand on sait qu'il ne reste plus qu'a mettre les pieds sous la table, ou sous le bureau en l'occurence. S'il te plait, respecte ceux qui ont l'envie folle et exotique de vivre la galère plutot qu'une dorure illusoire. Bien cordialement. PS: meriem, c'est quand même ton blog, alors bravo et merci pour ces petites notes de fraicheur.

6:57 PM  
Anonymous Anonymous said...

non tu rigoles ou quoi
une pute a 10 dh ou ta vu ça
le tarif minimum et de 300 dh
je te parle en client

8:13 PM  
Blogger meriem said...

anonymous merci de nous faire partager tes expériences...
pour les prix va à tanger, chari3 fès devant 'plassa djdida' y'a des femmes en djellaba postées là-bas. Parmi elles, certaines vendent leur force de travail pour le ménage. les autres vendent autre chose.

12:27 PM  
Anonymous Anonymous said...

Zaz> Désolé, mais tu ne m’as pas compris. Je n’ai jamais reproché à personne d’avoir quitté le pays et d’avoir essayé, au prix de grands sacrifices, de refaire sa vie ailleurs. J’ai moi-même longtemps caressé cette idée de rester en France avant de prendre la décision de rentrer, après avoir reçu des propositions intéressantes et concrètes au Maroc (décrochées sans piston aucun d’ailleurs. Si, si, je te l’assure).
Pendant deux ans, je n’ai pas mis le pied sous le bureau mais j’ai passé des nuits blanches sur ce même bureau, à m’user les yeux, et à travailler pour un salaire bien moindre que celui auquel je pouvais prétendre en France.
Ce n’est qu’ensuite que j’ai rejoint ma famille à Marrakech mais je t’assure, ce n’est pas non plus une partie de campagne.
Je ne voulais pas rentrer « pour rentrer » et rejoindre la cohorte des frustrés et des déçus.
D’un autre côté, parmi ceux qui sont partis, figurent beaucoup de « fils de » et de « nièces de » qui ont été poussés à la porte par des discours du genre « rien ne bouge au Maroc. Tout n’est que misère, pauvreté et désespoir. Tout cela va péter demain. Courage, fuyons ! »
C’est ce discours que je ne supporte pas, un discours qui pousse des gens confortablement installés dans la société à abandonner leur pays. Cela, tu me l’accorderas, n’a rien de naturel. Si même ceux qui profitent du système (et dont je ne m’exclue pas) quittent le navire, ou ira-t-on ?
Ceci dit, beaucoup de nos « immigrés » aident leur pays, à distance, de façon admirable.

12:49 PM  
Anonymous Anonymous said...

Ça me rappelle le poème de Mohammed Ben Brahim al Marrakchi :
إن كان في كل أرض ما تشان به
فإن طنجة فيها المطعم البلدي
أخلاق أبنائها كالمسك في أرج
بعكس أخلاق رب المطعم البلدي
يأتيك بالطعام و الذباب يتبعه
وكالضباب ذباب المطعم البلدي
...:)
Voilà donc, tout le courage est de vénérer la ville telle qu’elle est, et tout le pays tel qu’il est.

1:06 PM  
Anonymous Anonymous said...

Momo> ce n'était évidemment pas une attaque perso, j'apprécie néanmois ta réponse. Ton argument est béton. Et puis, oui, il y en a qui aident pour vrai.
A ceux la, et à vous, je leve mon verre de sirop d'érable.
(un peu dég le sirop d'érable)

3:06 PM  
Anonymous Anonymous said...

Tu l'as bien dit Izri.
On n'aimerai jamais voir les choses obscur de cez nous, on aurait aimé voir tout en rose, rien en gris. Mais c'est jamais qomme on veut.
Tu as grandi loin de tout ca, tant mieux pour toi.
Moi aussi j'habite Rabat depuis 17 ans, je n'en connais pas tous les recoins. Y'a un bon nombre d'endroit interdit a la police, la dernière fois ue nos fameux gus y ont pénétrés 2 sont morts...
Les prositués y'en a partout, mais a tanger c'est étalage... Rabat et Casa c'est un tout autre monde. Mais a tanger, l'argent est vénéré, on aime l'argent facile...
Aime ta ville, regarde de la toujours de la meme manière, mais dit toi que rien n'est epargné...

3:28 PM  
Anonymous Anonymous said...

mimy de toute manière Tanger est devenue très très moche, fade et vide de toute "7lawa" depuis que tu es partie.
tu me manques.

5:48 PM  
Anonymous Anonymous said...

Meriem
Tanger est à l’image de toutes les villes marocaines : Elle a plusieurs facettes.
Je dirais même qu’elle est aussi à l’image des grandes métropoles du Monde : cosmopolitique, on y voit du tout.
Je l’ai visitée une seule fois il y a cinq ans : l’image que je garde ? les tangérois sont assez distants et méfiants vis à vis des gens du "Dakhil". J’i beaucoup d’amis tangérois j’ai jamais ressenti ça …. Mais quand j’ai été dans la ville ça m’as sauté aux yeux.
Sinon j’ai envie de rajouter ça : bien que je ne le fréquente pas j’ai beaucoup de sympathie à l'égard de ces putes dont tu parle :) Car je sais qu’il y a derrière une vie pas facile et que la majorité d’entre elles n’ont pas adopté la prostitution par choix.
Voilà voilà.

9:04 PM  
Blogger Achakar said...

Je ss tt à fait d'accord avec Larbi.
Et comme tu l'as bien dit t'as jamais été ds ces quartiers pour les féquenter pour connaître leur misère. J'y étais, je les ai cotoyé et ça ne me choque pas le choix qu'ils ont fait. Même la demande pour faire du ménage est inférieure à l'offre.
Par contre, celles que je ne supporte pas ce sont celles qui sont issues de famille aisées qui courent derrière le matérialisme et à tanger c le cas de 90% ou plus des filles.
Et puis tanger n'échappe pas au cas gle des grandes villes ou se croise modernisme, bien être... mais aussi misère, pauvreté...

5:21 PM  

Post a Comment

<< Home